Documents de travail - 2012

Des emplois plus nombreux et meilleurs en Europe ? Une analyse micro-statistique du lien entre qualité du travail et dynamique de l’emploi dans dix pays européens (1995-2005)

#162 - décembre 2012 - Thomas Amossé, Ekaterina Kalugina

Dans cette étude, nous présentons une analyse micro-économétrique de la relation entre la qualité du travail et la dynamique de l’emploi dans dix pays européens sur la période 1995- 2005. Pour cela, nous apparions des données issues d’une part, des Enquêtes européennes sur les Conditions de Travail et d’autre part, de l’enquête Emploi à un niveau semi-agrégé, c'est-à-dire par année, pays et profil socio-économique, ce dernier défini par le sexe, l’âge, la catégorie d'emploi et le secteur. Nous montrons que « toutes choses inégales réunies », la relation entre la qualité du travail et la dynamique de l’emploi est positive. Pourtant, l’analyse « toutes choses égales par ailleurs » ne confirme pas ces résultats. À secteur d’activité et catégorie d’emploi donnés, les emplois dont le nombre augmente ne sont pas nécessairement de meilleure qualité que ceux dont le nombre diminue. Les habitants de l’Autriche et de la Belgique ainsi que les agriculteurs, les jeunes, les travailleurs peu qualifiés, les individus travaillant dans les secteurs des infrastructures et de l’éducation, de la santé et de l’administration publique sont particulièrement concernés.

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Tendances de la qualité de l’emploi pendant la crise : une approche européenne comparative

#161 - décembre 2012 - Christine Erhel, Mathilde Guergoat-Larivière, Janine Leschke, Andrew Watt

L’objectif du document est d’analyser les conséquences de la crise sur la qualité de l’emploi en Europe. Il identifie tout d’abord les tendances de la qualité de l’emploi pendant l’épisode de crise, avant d’explorer les liens entre ces évolutions et des facteurs conjoncturels et institutionnels. Les données utilisées proviennent des principales bases européennes (Enquête sur les Forces de Travail, Enquêtes sur les Conditions de Travail, panel EU-SILC).
Une première étape repose sur des indicateurs synthétiques de qualité de l’emploi développés dans des travaux antérieurs (Index de Qualité de l’Emploi proposé par ETUI. En moyenne pour l’Union européenne, la qualité de l’emploi globale ainsi mesurée décline légèrement entre 2005 et 2010. Des améliorations sont visibles concernant les conditions de travail et la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle, mais les indicateurs de salaires et de contrats atypiques se dégradent. Au niveau national, quelques pays connaissent une amélioration de leur qualité de l’emploi (Pologne, République tchèque, Belgique et Danemark), tandis qu’elle se dégrade dans la plupart des pays, cette tendance négative étant plus importante en France et en Irlande.
Une deuxième étape s’appuie sur des indicateurs dynamiques, calculés sur une base individuelle à partir du panel SILC, et mesurant les transitions en termes de qualité entre 2007 et 2009. À partir de régressions logistiques multi-niveaux, on estime la relation entre les caractéristiques des individus et des pays, et la probabilité de connaître une dégradation de la qualité de l’emploi ou d’aller vers le non-emploi (chômage ou inactivité). Les résultats montrent que certains groupes sont plus affectés que d’autres par le risque de détérioration de leur qualité de l’emploi, en particulier les jeunes, les seniors et les personnes ayant un faible niveau de qualification. Les femmes semblent moins affectées que les hommes par ce risque, mais elles connaissent une probabilité plus élevée de transition vers le non-emploi.
Les différences entre pays sont reliées aux variations conjoncturelles (ampleur de l’augmentation du chômage), et à des facteurs sectoriels. Certaines institutions semblent également jouer un rôle : la législation de protection de l’emploi est associée à de plus faibles risques de transition vers le non-emploi, et n’a pas de lien direct avec la variation de la qualité ; la dépense publique par chômeur (politiques de l’emploi) réduit légèrement le risque de dégradation de la qualité de l’emploi des individus.

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L’effet de la certification environnementale des entreprises françaises et l’implication de leurs salariés

#160 - octobre 2012 - Joseph Lanfranchi, Sanja Pekovic

La décision de rechercher une standardisation environnementale peut être justifiée par la perspective de motiver les travailleurs lorsque ceux-ci possèdent des préférences prosociales. De ce fait, cet article étudie si les salariés travaillant pour des entreprises ayant obtenu la certification d’un standard environnemental démontrent plus fréquemment des attitudes positives vis-à-vis de leur emploi, sont plus impliqués dans celui-ci et décident d’entreprendre un don d’effort. Au moyen d’une base de données appariées employeursemployés, nous montrons que ces « salariés verts » rapportent effectivement des sentiments plus élevés d’utilité dans leur travail d’une part et de traitement équitable dans l’exercice de leur travail. En outre, ils sont également plus enclins à travailler des heures supplémentaires non compensées en salaire ou en repos. Finalement, si nos résultats montrent que l’adoption d’une standardisation environnementale n’a pas d’influence directe sur l’implication au travail, nous montrons en revanche qu’elle agit sur cette implication par la médiation du sentiment des salariés de l’utilité de leur travail et du traitement équitable perçu dans l’exercice de leur travail.

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Une évaluation de l'impact de l'aménagement des conditions de travail sur la reprise du travail après un cancer

#159 - octobre 2012 - Emmanuel Duguet, Christine le Clainche

Nous évaluons l'impact d'un aménagement des conditions de travail sur le retour au travail après un cancer. En appliquant une méthode d'appariement, nous trouvons que, toutes choses égales par ailleurs, l'obtention d'un aménagement augmente fortement la probabilité de retour au travail et améliore l'état de santé auto-évalué. Toutefois, pour les hommes, ceci va de pair avec un sentiment de pénalisation au travail et une baisse des revenus du ménage causée par la maladie, dans le cas d'un aménagement de la durée ou des horaires de travail. Pour les femmes, la même conclusion s'applique lors d'un aménagement du poste de travail.

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Comment êtes-vous entré(e) dans votre entreprise ? Les enseignements des enquêtes Emploi 2003-2011

#158 - septembre 2012 - Guillemette de Larquier, Géraldine Rieucau

Ce document présente une exploitation originale des enquêtes Emploi en panel de 2003 à 2011 (Insee), analysant les mises en relation sur le marché du travail via cinq principaux canaux : les candidatures spontanées, les réseaux de relations, les intermédiaires publics, les annonces et les réembauches. Les individus étant interrogés six semestres de suite, on peut rapprocher des informations disponibles à deux dates différentes : en t, comment l’individu est entré dans son entreprise actuelle ; et en t-1, quelles étaient ses méthodes de recherche. Notre démarche permet de distinguer la logique d’activation d’un canal donné par les candidats (quels profils de candidats mobilisent tel canal) de la logique de sélection des candidats par ce canal (parmi ceux qui ont mobilisé le canal, quels profils sont sur ou sous représentés parmi ceux qui accèdent ainsi à un emploi). Il apparaît, par exemple, que si les femmes trouvent moins par relations, c’est plutôt parce qu’elles activent moins leur réseaux (logique d’activation). En revanche, les jeunes de 15 à 29 ans consultent plus les annonces que leurs aînés, mais ce sont les individus d’âges médians qui trouvent davantage par ce canal (logique de sélection). En outre, le taux de chômage régional trimestriel a un effet sur le type de mise en relation entre employeurs et candidats. Les canaux sans intermédiation (candidatures spontanées et réembauches) sont corrélés avec un taux de chômage croissant, tandis que la présence d’un intermédiaire est associée à une conjoncture plutôt favorable.

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Les ERP entre mythe et réalités : les stratégies d'intégration fonctionnelle des entreprises françaises en 2006

#157 - septembre 2012 - Yusuf Kocoglu, Frédéric Moatty

À partir d’un échantillon représentatif des entreprises françaises de dix salariés et plus des secteurs marchands, issu de l’enquête Changements Organisationnels et Informatisation (COI) de 2006, les auteurs dressent un bilan statistique de la diffusion des ERP (Progiciels de gestion intégrée) et montrent que celle-ci se situe entre mythe et réalité. Tout d’abord, la diffusion des ERP se renforce, principalement à l’intérieur de ses bastions d’origine, les grandes entreprises, les groupes et l’industrie manufacturière. Mais, dans les entreprises, l’intégration des fonctions au moyen des ERP reste partielle en 2006 et n’est pas plus importante que celle permise par d’autres progiciels. Ces résultats révèlent que les stratégies évolutionnistes d’adoption et l’intégration limitée sont beaucoup plus répandues que les stratégies d’intégration totale. La rationalisation des organisations par les ERP ne conduit pas à une convergence vers un modèle unique mais témoigne de la variété des degrés et des stratégies d’intégration. L’entreprise intégrée reste marquée par des choix stratégiques qui reflètent sa position économique et une certaine prudence dans ses investissements technico-organisationnels.

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L’impact des événements de santé sur la carrière professionnelle : une analyse fondée sur la méthode des doubles différences avec appariement exact

#156 - mai 2012 - Emmanuel Duguet, Christine le Clainche

Nous étudions l’effet des événements de santé (accidents ou maladies chroniques) sur les probabilités d’occupation au niveau individuel, en prenant en compte à la fois les effets individuels et les effets temporels corrélés. Nous utilisons la méthode des doubles différences avec appariement exact et trouvons que les événements de santé ont un fort impact sur la suite du parcours professionnel. Les travailleurs affectés par un événement de santé ont une plus grande probabilité d’entrer en inactivité et une plus faible probabilité de garder leurs emplois. Nous constatons également que les femmes les moins qualifiées et les travailleurs avec des contrats de travail de courte durée sont plus fortement négativement affectés par les événements de santé.

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Maladies chroniques et accidents : une évaluation de leur impact sur le parcours professionnel et les revenus

#155 - avril 2012 - Emmanuel Duguet, Christine le Clainche

Cet article traite de l’impact des maladies chroniques et des accidents sur les performances individuelles sur le marché du travail. Nous utilisons l’enquête Santé Itinéraires Professionnels (SIP) réalisée en France en 2006-2007 et mettons en œuvre la méthode du score de propension de manière à évaluer l’impact des maladies chroniques et des accidents sur la participation aux marchés de travail et les revenus. Nous constatons que les maladies chroniques tout comme les accidents ont un effet négatif sur la carrière et les revenus. Concernant les femmes, les accidents ont un impact plus important sur les revenus et salaires.

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Le revenu de solidarité active ou l'avènement des droits incitatifs

#154 - mars 2012 - Bernard Gomel, Évelyne Serverin

Les minima sociaux ont pour finalité première de fournir à chaque citoyen ou résident des moyens convenables d'existence en cas de difficulté ou d'impossibilité d'accéder à l'emploi. Ces minima constituent des droits-créances, à faire valoir à l'égard de la collectivité. Or, de plus en plus, ces minima sont envisagés comme des incitations à s'engager dans des dispositifs d'insertion ou de retour à l'emploi. La tension entre ces finalités conduit à produire des dispositifs hybrides, qui risquent de devenir inopérants. À partir de l'exemple du revenu de solidarité active (RSA), l'étude veut montrer les conséquences pratiques de la combinaison de ces finalités sur l'attribution des droits sociaux. Soutenu par une expérimentation fondée sur le postulat de l'efficacité de l'incitation financière à la reprise d'un emploi, le RSA a été orienté vers la récompense monétaire des travailleurs pauvres (RSA-activité), sans améliorer la situation des personnes sans revenu d'activité (RSA-socle). Plus de deux années après sa mise en oeuvre, ce modèle hybride montre ses limites sur trois plans.  Sur le plan de l’incitation, il se heurte au fait que la reprise d’un travail dépend à la fois de la disponibilité des personnes et de celle des emplois. Le taux d'inscription au chômage des bénéficiaires su RSA-socle n'est pas plus élevé que celui du RMI, et le retour à l'emploi est loin des promesses annoncées par son expérimentation.  Sur le plan de la redistribution, le RSA apparaît défaillant dans la fourniture de revenus complémentaires aux travailleurs pauvres. La population des demandeurs au RSA-activité est de très loin inférieure aux projections, résultat de la complexité d'un dispositif qui freine l'accès au droit.  Enfin, sur le plan budgétaire, la conception du RSA, qui attribue aux départements le financement du socle, et à un fonds national des solidarités actives (FNSA) le financement de l'activité, s'est révélée gravement défectueuse. Tandis que les départements peinent à financer le surcroît de bénéficiaires sans revenus d'activité, le FNSA ne parvient pas à attribuer correctement les fonds collectés par la taxe. Plus que la situation des personnes sans, ou à bas revenus, le dispositif RSA améliore le budget de l'État, en réalisant une triple économie: sur les dotations aux départements, par le financement du RSA-activité sur une taxe hors budget, et par la diminution de la prime pour l'emploi (PPE), qui se compense avec le RSA-activité.

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