Documents de travail - 2016

L'impact du diagnostic du cancer sur les transitions professionnelles en France. Une étude sur données de panel administratives

#188 - décembre 2016 - Bassem Ben Halima, Mohamed Ali Ben Halima, Joseph Lanfranchi, Christine Le Clainche, Camille Regaert

Cette étude mesure l’impact d’un choc de santé sévère, le diagnostic d’un cancer, sur la mobilité des individus entre quatre situations professionnelles. Sont estimées des matrices de transition annuelle entre l’emploi permanent, l’emploi non permanent, le chômage et l’inactivité, afin de comparer les expériences de mobilité pour deux populations : 1) 3 168  individus atteints d’un cancer entre 2006 et 2009, 2) 282 035 individus sélectionnés dans la population générale, sans maladie chronique... Les déterminants de la dynamique de mobilité sont estimés par un modèle logit multinomial dynamique à effets aléatoires, sur un panel de données administratives sur les parcours professionnels : Hygie (2005-2011)...

Les résultats montrent que la population touchée par un cancer rencontre de grandes difficultés pour rester dans, comme pour retrouver l’emploi, en particulier l’emploi permanent. Cet effet est plus marqué pour les hommes que pour les femmes. En outre, celles-ci semblent rencontrer moins de difficultés à demeurer actives sur le marché du travail suite au choc de santé. Parmi les caractéristiques individuelles des malades, leur âge ainsi que, pour les hommes, leur âge d’entrée sur le marché du travail, proxy du niveau de qualification, sont des éléments protecteurs contre les transitions vers l’inactivité. Toutefois, les conséquences négatives du cancer sur l’emploi sont atténuées par une bonne santé antérieurement au diagnostic et par la durée de la carrière professionnelle stable dans l’emploi pour les malades masculins. Enfin, une durée longue des arrêts-maladie survenus après le diagnostic de cancer favorise les transitions vers le chômage et l’inactivité au détriment de l’emploi...

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Relations sociales et ajustements à la crise : une analyse micro-statistique comparative franco-britannique

#187 - juin 2016 - Thomas Amossé, Philippe Askenazy, Martin Chevalier, Christine Erhel, Héloïse Petit, Antoine Rebérioux

Cet article s’intéresse au comportement des établissements britanniques et français en réaction à la crise de 2007-2008, en termes de flexibilité externe (ajustement de l’emploi) et interne (ajustement des salaires). On s’interroge plus particulièrement sur le type de relations sociales (et centralement la présence syndicale) prévalant dans les établissements ayant opéré ces ajustements. L’analyse est conduite sur deux bases de données fortement comparables, l’une britannique (Wers) l’autre française (Reponse), toutes deux collectées en 2011-2012.

Il en ressort que, malgré des tissus productifs et une exposition à la crise différents, des institutions souvent présentées comme opposées et des modes d’ajustement distincts (davantage internes en Grande-Bretagne et externes en France), les relations sociales caractérisant les établissements français et britanniques ayant procédé à de tels ajustements apparaissent étonnement proches. Ces relations sociales prennent la forme, toutes choses égales par ailleurs, d’une présence syndicale plus marquée, de négociations ou consultations plus fréquentes et de conflits collectifs plus probables. Ainsi, des relations sociales ouvertes ont, semble-t-il, bien accompagné dans les deux pays les ajustements des entreprises pour faire face à la crise. Si la présence syndicale a pu en modérer l’ampleur au profit des salariés (question que les données ne permettent pas d’examiner), elle ne paraît en tout état de cause pas avoir suffi à leur faire obstacle. Les différences entre les modes d’ajustement observés dans les deux pays (de façon relative plus souvent par les salaires en Grande-Bretagne qu’en France) semblent davantage tenir à la situation en matière de politique monétaire qu’aux institutions du marché du travail.

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