Qui a peur de l'inflation ? Episode 1 : Joe Biden, la relance aux prix forts
7 février 2022
Selon les chiffres publiés par l’administration américaine, le niveau d’inflation a atteint 7% en 2021. Un triste record puisqu’il faut remonter au début des années 1980 pour retrouver un tel niveau. Si cette envolée est une difficulté supplémentaire pour Joe Biden dans la perspective des élections de mi-mandat de novembre prochain ; c’est d’ores et déjà un sujet du quotidien pour des millions de ménages.
Le cycle inflationniste nécessite des actions pour être enrayée ; par exemple relever les taux directeurs de la Réserve Fédérale. Mais cette solution risque d’étouffer la reprise économique que l’administration américaine a eu tant de mal à activer à grands coups de plans de relance, d’autant que les choses pourraient s’aggraver si le marché boursier s’emballait ou que le chômage venait à croitre… Un scenario qui n’est pas à exclure, surtout lorsqu’on observe ce mouvement de démission volontaire qui inquiète beaucoup les autorités
En effet, le ministère états-unien du travail révélait récemment que 4,5 millions d’Américains avaient quitté leur emploi depuis le début de la pandémie, un phénomène baptisé outre-Atlantique « The Great Resignation », la grande démission, qui traduit peut-être une rupture dans le rapport à l’emploi des travailleurs.
Comment les Etats-Unis vont-ils se sortir de cette mauvaise passe ? Quel chemin prendre pour tenter d’endiguer l’inflation sans porter atteinte à une économie qui, jusqu’ici, tient la route ? Quels sont les risques politiques pour Biden dont le parti pourrait perdre la majorité dans les deux chambres d’ici novembre ?
La tension inflationniste constitue une véritable inquiétude pour Joe Biden car elle risque d’accroitre la peur d’un déclassement de la classe moyenne Américaine. Le budget des ménages, et notamment des travailleurs pauvres, est très contraint aux Etats-Unis. La moindre poussée inflationniste complique énormément la vie des Américains. Romain Huret
L’inflation peut s’expliquer par la mise en œuvre d’une boucle prix-salaires : dans une situation de faible taux de chômage, et de renforcement de l’épargne par les différents plans de relance, beaucoup d’Américains sont en capacité de quitter leur emploi et de déclencher des négociations de salaires plus élevés que d’habitude. Certains secteurs d’activité, comme l’hôtellerie et la restauration, ont ainsi vu leurs prix augmenter de 9,3% sur un an. Thérèse Rebière
Florian Delorme reçoit Romain Huret, historien des Etats-Unis, directeur d'études à l'EHESS, et Thérèse Rebière, maîtresse de conférence en économie au CNAM et chercheuse au Centre d’études de l’emploi et du travail.
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