Accès à l'emploi et conditions d'emploi des jeunes descendants d'immigrés en France : Genre, origines et mixité des parents
31 mars 2022
Cette recherche analyse l’accès à l’emploi, les formes et conditions d’emploi des jeunes descendants d’immigrés au prisme des origines, de la mixité des parents et du genre, à partir des données des Enquêtes Emploi 2013-2018 de l’Insee.
Elle interroge l’intégration professionnelle des descendants d’immigrés et l’évolution des inégalités d’origine avec l’augmentation des descendants de couples mixtes. Quels sont les effets combinés des origines et de la mixité des parents sur l’emploi des jeunes adultes ? Les descendants de couples mixtes connaissent-ils les mêmes situations que les descendants de deux parents immigrés ou se rapprochent-ils des jeunes sans ascendance migratoire ? Observe-t-on les mêmes tendances en fonction des origines, pour les femmes et pour les hommes, dans l’accès à l’emploi et les conditions d’emploi ?
À caractéristiques comparables, des inégalités selon l’origine persistent dans l’accès à l’emploi et dans les formes et conditions d’emploi, pour les descendants d’immigrés du Maghreb, d’Afrique subsaharienne et de Turquie, avec des variations selon la mixité des parents, le sexe et l’indicateur étudié. Les résultats apparaissent différenciés, mitigés ou contrastés, pour les descendants de couples mixtes de ces origines, attestant de l’intérêt d’une approche intersectionnelle. Si les pénalités d’origine se réduisent pour certain.es, elles se maintiennent, voire même augmentent pour d’autres.
L'effet intégrateur de la mixité est plus marqué sur la participation des femmes au marché du travail et le rôle des réseaux ; l’activité des femmes issues de couples mixtes se rapproche de celles sans ascendance migratoire. Cet effet apparaît plus contrasté et différencié entre femmes et hommes selon l’origine, sur le risque de chômage, comme sur les formes et conditions d’emploi.
La précarité affecte un peu plus les femmes, en lien avec la ségrégation sexuée des emplois ; les hommes de plusieurs origines, également concernés, se tournent davantage vers le travail indépendant, moyen de contourner les difficultés d’accès à l’emploi stable et les discriminations. Le sous-emploi est plus fréquent chez les descendant.e.s d’Afrique subsaharienne, sur-représenté.e.s dans certains secteurs.
Un léger avantage est mis en évidence dans l’accès et les conditions d’emploi des descendants d’Europe du Sud et de couples asiatiques, avec des écarts sexués.
Plusieurs facteurs et mécanismes sont envisagés pour expliquer ces inégalités persistantes et différenciées, notamment les parcours de formation, le rôle des réseaux, la ségrégation professionnelle et les discriminations ethno-raciales et de genre.