Et si le principal problème au travail n’était pas l’absentéisme, mais le présentéisme. Du moins le présentéisme pour maladie. Le fait de venir travailler en étant souffrant est en effet loin d’être anecdotique. Un peu plus de deux salariés sur cinq étaient concernés en 2016, et le phénomène est en hausse depuis 2013, selon une note du Centre d’étude de l’emploi et du travail.
Le nombre moyen de jours de présentéisme augmente lui aussi, de 2,5 à 3,1 jours entre 2013 et 2016. Or, braver la fièvre pour aller pointer est largement contre-productif. D’un point de vue individuel, on est moins efficace si on est patraque, et « cette diminution de la productivité individuelle peut avoir un impact négatif sur la productivité du groupe », pointe l’étude. Sans même parler du risque de contagion…
Ce présentéisme est également le symptôme d’une organisation du travail défaillante. C’est la crainte de perdre son emploi qui pousse les salariés à venir travailler en dépit d’un état de santé diminué. Et ce phénomène est d’autant plus fréquent quand le travail se fait sous pression. « Lorsque l’organisation du travail impose des horaires longs ou décalés, les salariés ne peuvent s’absenter sans désorganiser le rythme de production ou transférer la charge de travail sur leurs collègues », précisent les auteurs. Reste à savoir si la crise sanitaire va enfin servir de révélateur à cette problématique encore trop peu visible.
Contributeur.trice.s du CEET : Sylvie Hamon-Cholet et Joseph Lanfranchi