L’aventure commence au début des années 2010. La tante d’Elsa Favier, énarque, rencontre des difficultés dans sa carrière. Elle se rapproche d’une association de femmes hautes fonctionnaires et demande à sa nièce, alors élève de l’École normale supérieure, de la mettre en contact avec un ou une sociologue qui voudrait travailler sur les parcours des femmes énarques. E. Favier, qui a fait son master sur des sujets très éloignés, trouve le sujet intéressant et décide d’y consacrer sa propre thèse. Nièce et fille de femmes énarques, diplômée de l’ENS, E. Favier paraît légitime aux yeux de ses interlocutrices pour étudier le sujet. Son étude les intéresse d’autant plus que la loi Sauvadet incite alors à féminiser davantage la haute fonction publique en imposant des quotas de femmes aux postes à responsabilité.
Au fil des entretiens et des observations, E. Favier remarque une première difficulté pour les femmes. La haute fonction publique nécessite une disponibilité à toute heure de la journée, même le soir. La présence au bureau « 15 heures par jour », l’implication quasi totale, permet de faire carrière et d’obtenir des promotions rapidement. Ces contraintes temporelles rendent les métiers de la haute fonction publique peu compatibles avec les charges familiales qui incombent encore majoritairement aux femmes.