Le Point

Emploi des seniors : les clichés ont la peau dure

18 septembre 2019

"Difficiles à manager", "résistants au changement", "faibles capacités d'adaptation aux nouvelles technologies"... Souvent victimes de clichés, les seniors galèrent à garder et surtout à retrouver un emploi alors que l'exécutif va demander à tous de travailler plus longtemps.

Dans son rapport annuel à paraître jeudi, l'association Solidarités nouvelles face au chômage (SNC) passe au crible la situation des plus de 50 ans sur le marché du travail, ces "grand oubliés des politiques de l'emploi".

C'est le cas de Marc, 57 ans, qui cherche un emploi depuis dix mois. Ce cadre parisien, qui a travaillé dans le secteur de l'audit de conformité, trouve que c'est "très difficile".

Il évoque tout de suite le niveau de salaire: "les seniors ont la réputation d'être chers mais quand on baisse nos prétentions, cela ne convient pas non plus !", explique-t-il après en avoir fait l'expérience.

A côté de la question du salaire qui freine le recrutement d'un quinqua, celle du management.

"J'ai passé un entretien dans une société où j'avais tout à fait le profil, je me retrouvé en face d'une jeune femme de 27 ou 28 ans qui aurait été mon chef. Elle m'a regardé avec des yeux stupéfiés même avant que j'ai ouvert la bouche !", explique à l'AFP cet ingénieur de formation. Il n'a pas été retenu.

Lui qui se sent "en forme" et "veut travailler" a en théorie encore sept ans de vie active avant une retraite au taux plein, à 64 ans. Non sans humour, il glisse qu'il a "15 ans de moins que Jean-Paul Delevoye", haut-commissaire aux retraites, 72 ans, choisi pour mener "une réforme essentielle".

Seuil d'âge non pertinent

Au chômage depuis un an, Carine, 49 ans, trouve qu'"à partir de 40 ans, pour les femmes, c'est dur". "La psychologue de Pôle emploi m'a dit qu'il ne fallait surtout pas mettre mon âge sur son CV car je ne serai pas prise", raconte cette aide à domicile qui habite près de Meaux.

En réalité, le terme de "senior" ne veut pas dire grand-chose.

"On est sur un champ qui irait de 50 ans jusqu'à 67 ans voire 70 ans", explique Annie Jolivet, chercheuse au Centre d'études de l'emploi et du travail (CEET) au Cnam, spécialiste du sujet.

"Il faudrait arrêter de se référer à un seuil d'âge", explique-t-elle.

"Il faut raisonner sur l'organisation du travail" et "la santé au travail", préconise-t-elle. "Le maintien dans l'emploi des seniors passe aussi par la prévention" quel que soit l'âge, explique-t-elle, dubitative sur d'énièmes mesures pour les seniors stricto sensu.

Contributeur.trice.s du CEET : Annie Jolivet

Source : Le Point

En savoir plus +Lire l'intégralité de l'article