La Croix

«L’effet de la crise sanitaire sur les seniors “ni en emploi ni en retraite” est difficile à évaluer»

14 novembre 2021

Pour Annie Jolivet, spécialiste de la situation des travailleurs âgés sur le marché du travail au Centre d’études de l’emploi et du travail du Conservatoire national des arts et métiers, il est encore difficile de dire si la crise sanitaire a eu un effet sur les seniors « ni en emploi ni en retraite ».

La Croix :Les seniors « ni en emploi ni en retraite » sont-ils un champ d’études nouveau ?

Annie Jolivet : Les « NER », les seniors « ni en emploi ni en retraite », sont un objet d’étude assez récent. On a repris, pour les plus âgés, l’approche adoptée pour les « NEET », les jeunes sans emploi, ne poursuivant pas d’études et ne suivant pas de formation (Not in education, employment or training).

Pourtant, il y a toujours eu des gens dans cette situation : c’était un des sujets de discussion du Conseil d’orientation des retraites à sa création en 2000. C’est l’une des raisons pour lesquelles les syndicats jugent dangereux de relever l’âge minimum de la retraite à taux plein et l’âge d’annulation de la décote, car cela accentue les difficultés des personnes qui ne sont pas en mesure de rester plus longtemps en emploi.

Leur situation pose donc la question de la pertinence du recul de l’âge de la retraite…

A. J. : Parmi les personnes nées en 1946, dont nous connaissons toute la trajectoire jusqu’à la retraite, un peu plus de la moitié a connu une trajectoire continue de l’emploi vers la retraite. À l’inverse, un peu moins de la moitié a une trajectoire plus heurtée avec du chômage, de la maladie ou de l’invalidité…

Ceux qui sont dans les impasses où ils ne perçoivent plus de revenus de substitution, sans encore percevoir une retraite complète seront les plus touchés en cas de recul de l’âge de la retraite. Ce recul accentue l’enjeu de limiter les trajectoires comportant des années de non-emploi.

La crise sanitaire a-t-elle eu un effet sur les « NER » ?

A. J. : Elle a eu un effet sur la répartition entre chômage et inactivité. Par exemple, le nombre de chômeurs au sens du Bureau international du travail a baissé, notamment parce que le confinement a limité les possibilités de rechercher activement un emploi. Les personnes concernées sont donc venues grossir les rangs de ce qu’on appelle le halo autour du chômage. Cela a touché toutes les classes d’âge mais, à la différence des jeunes et de ceux d’âge moyen, le chômage des plus de 50 ans n’a pas baissé.

Contributeur.trice.s du CEET : Annie Jolivet

Source : La Croix

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