Cent ans après une première naissance sabotée par les hommes, le foot féminin connaît une seconde jeunesse. En Amérique, en Asie, et bien entendu en Europe, des championnats professionnels apparaissent en raison d’une médiatisation et d’un intérêt croissants. Mais, dans une étude publiée par le Centre d’études de l’emploi et du travail, deux chercheurs montrent que cette professionnalisation copie pour le moment les défauts de leurs homologues masculins.
Les deux mondes sont évidemment encore loin de se rejoindre, comme le rappellent les écarts de rémunération gigantesques qui existent entre les deux sexes, notamment en Angleterre. Mais, si on se focalise sur le foot féminin lui-même, les inégalités sont tout aussi fortes. Comme chez les garçons, quelques superstars captent l’essentiel de la masse salariale. Et, comme chez les garçons, ces super-salaires absorbent l’essentiel des recettes des clubs.
« Le budget global de la Division 1 française a doublé depuis une dizaine d’années », écrivent ainsi les auteurs. « Malgré cette croissance de revenus, il est néanmoins de plus en plus déficitaire [parce que] la masse salariale des clubs représente la quasi-totalité de leur budget. »
L’envolée des recettes du foot féminin n’est pas non plus mise à profit pour sécuriser les carrières des joueuses, qui sont encore plus précaires que celles des hommes : la durée moyenne des contrats de travail signés est de seulement onze mois pour les femmes, contre vingt-sept pour les hommes.
Illustration extrême de cette précarité : les joueuses vénézuéliennes. Nombre d’entre elles profitent du fait que les championnats féminins sont généralement courts… pour jouer plusieurs compétitions par an avec différents employeurs ! Elles partent ainsi en Colombie jouer pour des clubs locaux pendant quatre mois, avant de revenir au Venezuela, où elles signent avec un club de leur pays afin de jouer la deuxième partie du championnat national.