Génération 2020, quelle vision du futur ?
5 janvier 2020
Je ne sais pas si les années 20 ont commencées le premier janvier ou si c’est l’année prochaine, mais en ce début d’année nous voulions nous tourner à la fois vers les décennies passées et vers celles à venir pour parler de la jeunesse, ou des jeunesses, car il y a bien des manières de vivre ses études et son entrée dans le monde du travail...
Nous tourner vers le passé donc, pour tenter de comprendre ce qui est arrivé au travail, à l’orientation et à la situation des étudiants pour que monte de manière très sensible un mécontentement des jeunes diplômés : à cause des stages notamment et plus encore du fait de ce qui est décrit comme une perte de sens ou plus prosaïquement des "bullshitt jobs", soit "boulots à la con" si vous voulez une traduction, une manière de qualifier le travail qui aura marqué nos années 2010.
Tout cela sur fond d’un chômage de masse bien installé, un chômage qui fait que d’autres jeunes pas ou très peu diplômés disent, eux, ne plus avoir de rêve – ces jeunes sont 14 millions en Europe, ils ont désormais l’âge du terme par lequel on les désigne, "NEET", un acronyme utilisé depuis 1999 et qui signifie en anglais "ni employés ni étudiants".
Et puis nous allons regarder vers l’avenir puisque ces phénomènes qui touchent ceux qui ont entre vingt et trente ans aujourd’hui s’étudient du côté de la sociologie du travail, c'est pourquoi nous avons convié le chercheur François Sarfati. Mais tout cela est également exploré par la littérature, et c’est l’autrice Noémi Lefevbre qui sera avec nous en duplex depuis Lyon. Enfin cela se pense et se surmonte collectivement pour les premiers concernés : Aurore le Bihan du collectif Paumé.e.s est donc notre invitée pour ce premier numéro d’Etre et savoir de l’année 2020.
Et bonne année à toutes et à tous.
Contributeur du CEET : François Sarfati
Invités :
- Aurore le Bihan, co-initiatrice de la communauté Paumé.e.s sur la plateforme Makesense et du podcast éponyme.
- Noémi Lefebvre (en duplex de Lyon), autrice notamment de Poétique de l’emploi, L’enfance politique et L'état des sentiments à l'âge adulte (Verticales, 2018, 2015 et 2012).
- François Sarfati, professeur de sociologie à l’université Paris-Saclay, membre du Centre Pierre Naville et du Centre d’études de l’emploi et du travail (CEET). Il mène ses recherches sur les questions de formation, de travail et d’emploi et est l’auteur de Du côté des vainqueurs. Une sociologie de l’incertitude sur les marchés du travail (2012, Presses Universitaires du Septentrion).
Au ministère des finances, à Bercy, il y a des babyfoots dans un hall qui permettent à des hauts fonctionnaires d'aller se détendre en jouant - on imagine mal que ce soit autre chose qu'une mise en scène du travail.
On est loin d'une génération de jeunes qui mettraient à distance le travail, au contraire on est dans une revendication d'un travail enrichissant, qui permette de s'épanouir et dans lequel on a l'impression de se mettre au service de quelque chose.
Cette revendication d'un certain nombre de jeunes et en particulier de jeunes cadres à l'indépendance, c'est surtout une façon de dire y en a marre des injonctions, y en a marre de l'autorité, y en a marre du management idiot.
L'émission en podcast sur le site Internet de France Culture