Rapports de recherche - 2003

Expérience professionnelle et relations de service. Actes du séminaire Vieillissement et travail (année 2002)

#13 - décembre 2003 - Creapt-EPHE

Le Centre d’études de l’emploi diffuse, dans la collection de ses rapports de recherche, la transcription des séminaires organisés annuellement par le Créapt et le laboratoire d’ergonomie de l’EPHE sur le thème général du vieillissement au travail. Les activités de recherche dans ce domaine intègrent de plus en plus fréquemment les questions d’âge au travail avec celles qui concernent la construction et la mise en oeuvre de l’expérience. C’était déjà le cas lors du séminaire de 2001 consacré aux « Acquis des opérateurs durant leur parcours professionnel ». Ce fut le cas à nouveau pour le séminaire de 2002, intitulé « Expérience professionnelle et relations de service », qui fait l’objet du présent rapport.

Pour amorcer la réflexion sur ce thème, il était important de commencer par définir les tâches concernées et évaluer leur ampleur, et de préciser également sous quel angle les formes de l’expérience peuvent être interrogées à cette occasion. Hélène David et Catherine Teiger ont réalisé ce double défrichage, qui a fait l’objet de l’exposé introductif au séminaire 

La plupart des autres interventions 4 font appel aux cadres théoriques et aux méthodes de l’ergonomie, pour examiner des aspects précis de la question posée, dans divers contextes professionnels.

Corinne Gaudart analyse les modalités d’introduction d’un nouveau logiciel dans un organisme qui verse des prestations sociales. Elle indique en quoi la relative rigidification des procédures, qui en résulte, percute des stratégies élaborées par ces personnels expérimentés, et peut modifier leur mode de relation aux usagers, malgré une forte capacité à reconstituer en partie les stratégies mises à mal.
Esther Cloutier (à Montréal) et Éliane Gerossier (dans une ville française) ont étudié les modes opératoires des aides-soignantes à domicile. Bien que ces deux recherches aient été menées de façon totalement indépendante, toutes deux mettent en évidence le faisceau des contraintes qui caractérisent cette activité de service, ainsi que la richesse et la complexité des pratiques professionnelles, nourries - comme le précise Esther Cloutier - de plusieurs formes d’expérience : l’expérience « du cas », l’expérience « du métier » et l’expérience « de la vie ». 

Avec l’exposé de Claude Germain qui examine le cas des interventions sur autoroute, c’est tout l’enjeu de la sécurité au travail, et de la sécurité des usagers, qui se trouve mis en lumière. L’apport de l’expérience, en ce domaine, revêt une composante collective déterminante, car la protection vis-à-vis des risques d’accident est fortement dépendante des procédures de travail que les équipes d’intervention ont pu établir, et sur lesquelles elles ont pu tomber d’accord. 

Sandrine Caroly a analysé l’activité des guichetières expérimentées dans deux bureaux de poste, dont le fonctionnement et le mode d’organisation sont très différents (alors que les clientèles sont analogues). L’expérience détermine dans ce milieu des stratégies de préservation des efforts, d’efficience dans le maniement des outils informatiques, et surtout de ré-élaboration des règles de travail, mais ces aménagements ne sont effectifs (et efficaces du point de vue du service) que dans l’un des bureaux, qui favorise ces initiatives en encourageant les élaborations collectives qui les engendrent.

Robert Villatte aborde le thème de la relation de service en s’intéressant cette fois aux conséquences pour la santé des personnels, dans le cas des travailleurs sociaux. Ceux-ci déploient, à partir d’un certain âge, et lorsqu’ils le peuvent, des stratégies de préservation vis-à-vis d’une usure professionnelle, en réaménageant dans ce but leurs modes de relation avec les jeunes qu’ils encadrent.

Mis à part ces exemples « de terrain », trois interventions avaient une visée plus synthétique. Benoît Grasser propose une réflexion d’économiste sur la relation entre expérience et performance ; il caractérise diverses facettes de cette relation et analyse ainsi les manifestations de cette expérience dans plusieurs secteurs de la production de biens ou services. Anne Grünstein (ergonome dans un service public) et Jean-Marc Weller (sociologue, dont les recherches portent en particulier sur la modernisation des services de l’État) avaient en charge un rôle de « discutant », pour introduire la dernière demi-journée du séminaire, et le dernier chapitre de ce rapport.

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Des standards nationaux à l'épreuve d'internet. Sites et offres d'emploi en France, Espagne et Grande-Bretagne

#12 - juillet 2003 - Emmanuelle Marchal, Géraldine Rieucau, Didier Torny

Le mode de rédaction des annonces d’offres d’emploi diffère d’un pays à l’autre. Ces différences nous renseignent sur le fonctionnement des marchés du travail, sur ce qu’il importe au candidat de savoir pour postuler ou sur ce que l’on peut exiger de lui. De telles variations sont observées à partir d’un échantillon de 1 200 annonces françaises, espagnoles et britanniques, analysées à l’aide d’un logiciel de traitement de données textuelles. Les trois corpus ayant été prélevés sur des sites internet, leur étude est aussi l’occasion de réfléchir aux effets du nouveau support sur le format et le contenu des annonces.

On peut mesurer ces effets en comparant les corpus français prélevés sur internet et dans la presse. Par rapport à celles de la presse, les annonces diffusées sur internet sont plus informatives : la proportion de celles qui signalent le niveau de salaire offert, la localisation du poste à pourvoir ou même le nom de l’entreprise qui recrute est plus importante sur le nouveau support. Ce progrès résulte, pour beaucoup, du travail de mise en forme opéré par les sites : la présence de rubriques, que les annonceurs doivent renseigner pour pouvoir diffuser leurs offres, joue ainsi en faveur d’une augmentation des repères à disposition du candidat désirant opérer un choix. Mais cette évolution est à double tranchant car la présence de rubriques peut aussi inciter les annonceurs à formuler des exigences supplémentaires : la proportion d’annonces comportant des critères de formation ou d’expérience est ainsi plus importante sur internet que dans la presse.

Ce travail de « rubricage » est plus prononcé encore sur les sites nationaux espagnols, apportant des informations souvent très précises sur la localisation du poste à pourvoir, le niveau de langue exigé ou la durée du temps de travail. On y voit aussi des rubriques à résonance discriminatoire, mentionnant l’âge, le sexe, la nationalité ou même le lieu de résidence du candidat que l’on cherche à recruter. Les annonces espagnoles portent la marque des divers intermédiaires qui contribuent à les façonner : par delà celle des gestionnaires de sites, on relève l’empreinte de cabinets de recrutement et surtout d’agences de travail temporaire qui sont particulièrement présentes en Espagne. Le profil des offres diffère selon l’intermédiaire par lequel elles sont passées, donnant ainsi à voir comment s’opère la segmentation des marchés du travail.

L’analyse des annonces britanniques révèle la présence d’agencies dans une très grande majorité d’entre elles. L’intervention de ces professionnels contribue à reléguer au second plan le rôle des sites internet (en témoigne la faiblesse du travail de mise en forme opéré par ces derniers) et la présentation des entreprises qui recrutent, dont on sait finalement peu de choses. L’autre surprise a trait à la présentation des candidats, qui, au regard des annonces des deux autres pays, est particulièrement succincte : que ce soit en termes démographiques ou professionnels, pour préciser la formation ou la maîtrise de langues étrangères, très peu d’exigences sont formulées à l’égard des candidats. L’effort de description se reporte sur le contenu de l’emploi à pourvoir, sur les savoirs qu’il réclame, et surtout sur les avantages qu’il peut procurer. Parmi ceux-ci, les avantages financiers sont particulièrement mis en valeur, tendant à montrer qu’il s’agit là d’un élément d’appréciation indispensable à l’évaluation des offres en Grande-Bretagne.

Les différences que l’on observe entre les trois pays retenus pour la comparaison sont donc très marquées. Par delà cette diversité se profilent de fortes variations dans les pratiques de recrutement et de sélection. La présence de critères identitaires dans les annonces espagnoles et l’expression systématique de demandes de formation en France indiquent l’existence d’une étape de pré-sélection qui n’est pas de mise en Grande- Bretagne. Ici, de tels critères sont jugés incorrects ou non pertinents, en sorte que l’élimination des candidats est reportée dans des étapes ultérieures. Les différences dans les normes de rédaction des annonces sont donc loin d’être anodines.

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Stratégies contractuelles et gestion de la relation de travail. Pré-enquête sur la constitution d'une base de données de contrats de travail

#11 - juillet 2003 - Myriam Bernardi, Christian Bessy, Camille Chaserant, François Eymard-Duvernay, Emmanuelle Marchal

Ce rapport propose de s’interroger sur la place du dispositif contractuel dans les relations de travail. La période récente a été marquée, dans de nombreux secteurs de l’économie française, par une tendance à l’individualisation et à la flexibilisation du rapport salarial, qui a eu pour conséquence de remettre en cause les systèmes traditionnels de qualification des travailleurs. Nous partons de l’hypothèse que le contrat de travail de droit commun reste un lieu d’observation pertinent des transformations de la prestation de travail, tout autant, sinon plus, que les formes atypiques d’emploi. Il est alors nécessaire de revenir au niveau des engagements contractuels pour prendre la mesure des aménagements des relations de travail. Pour cela, nous avons étudié les possibilités de constitution d'une base de données de contrats de travail afin de poursuivre une approche comparative fondée sur des rapprochements entre droit, sociologie et économie. L’analyse des contrats ne peut pas se réduire à l’examen d’une relation interindividuelle. Les engagements des parties sont aussi « cadrés » par un ensemble d’institutions à caractère social, juridique et économique. Une telle base de données devrait contenir non seulement les « textes » des contrats mais aussi des informations sur l'environnement qui leur est associé. Cet environnement comprend, d'une part, les données sur l'entreprise, son organisation du travail et sa politique de gestion de la main-d’œuvre et, d'autre part, les textes régissant les rapports collectifs entre employeurs et salariés.

La première partie du rapport est composée de textes permettant de situer les perspectives théoriques de notre analyse. Un premier texte est consacré à l’intérêt de notre étude et à l’analyse de ce que les juristes qualifient de « renouveau du contrat de travail ». Le second texte aborde l’analyse économique du contrat de travail et ses développements les plus récents à partir de la « théorie des contrats », théorie qui met l’accent sur les aspects interindividuels de la relation de travail. Le texte suivant présente, au contraire, l’importance de la dimension institutionnelle de la relation de travail et propose une grille d’analyse des formes contractuelles. Enfin, le dernier texte analyse les tensions inhérentes au passage de la gestion des litiges et des conflits au sein de l’entreprise à leur traitement dans l’arène judiciaire.

La première partie du rapport est composée de textes permettant de situer les perspectives théoriques de notre analyse. Un premier texte est consacré à l’intérêt de notre étude et à l’analyse de ce que les juristes qualifient de « renouveau du contrat de travail ». Le second texte aborde l’analyse économique du contrat de travail et ses développements les plus récents à partir de la « théorie des contrats », théorie qui met l’accent sur les aspects interindividuels de la relation de travail. Le texte suivant présente, au contraire, l’importance de la dimension institutionnelle de la relation de travail et propose une grille d’analyse des formes contractuelles. Enfin, le dernier texte analyse les tensions inhérentes au passage de la gestion des litiges et des conflits au sein de l’entreprise à leur traitement dans l’arène judiciaire.

En conclusion, nous dégageons différentes possibilités d’enquêtes et d’exploitation des matériaux empiriques. En particulier, une stratégie future serait d’enrichir la première base de données que nous venons de constituer, afin de pouvoir construire une typologie des formes contractuelles en la reliant à des types d’entreprises ou des types d’emploi. Pour l’instant, nous avons cherché à faire varier les configurations afin de cerner l’éventail des clauses présentes au sein des contrats de travail et d’énoncer les facteurs explicatifs de leur présence. Il serait intéressant, dans une perspective historique, d’étudier la transformation de la forme et du contenu des contrats de travail en fonction des changements des politiques d’emploi des entreprises et de l’évolution du droit du travail et de la jurisprudence. Nos lectures et nos premières investigations de terrain permettent d’avancer quelques pistes pour analyser le recours accru, au cours de la période contemporaine, à l’écrit en matière de CDI ou à toute une série de clauses spécifiques : la flexibilisation et l’individualisation de la relation de travail, l’usage stratégique du droit par les entreprises... Cet objectif demande une méthode d’investigation basée sur des monographies d’entreprises ou de secteurs d’activité particuliers.

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Conventions et institutions du travail

#10 - mars 2003 - Christian Bessy

Le programme de recherche de l’« économie des conventions » (EC) a permis de renouveler l’analyse économique des « institutions » en privilégiant le point de vue des acteurs. Cette perspective l’a conduit à se rapprocher des postures « individualistes » en économie, tout en gardant une distance critique avec la micro-économie néoclassique. Si elle n’a pas réussi à proposer un cadre d’analyse aussi rigoureux que l’approche néo-institutionnelle, l’EC a montré sa fécondité en ce qui concerne l’appréhension empirique des dispositifs institutionnels, et, notamment, les dispositifs en oeuvre sur le marché du travail, dans une tradition qui la rapproche des institutionnalistes américains. Cette fécondité de l’EC est liée à son intérêt pour la coordination par des règles, en mettant l’accent sur leur dimension à la fois cognitive et normative, sur leur problème d’interprétation et d’application suivant les contextes d’action. La focalisation sur les problèmes de coordination, les questions d’anticipation et de représentation, ont conduit l’EC a délaissé la notion d’« institution », en tant que cadre donné de l’action collective. Néanmoins, l’EC a initié récemment toute une série de réflexions visant à reconsidérer cette notion. Elle renoue d’une certaine façon avec son programme de recherche initial qui était de s’intéresser à l’analyse de différents cadres communs d’action et de leur mode de constitution.

La réflexion que je propose dans ce mémoire s’inscrit dans cette perspective. À partir de la présentation de mon itinéraire de recherche, je montre, dans une première partie, comment je me suis rattaché au programme de recherche de l’EC. C’est initialement dans ce cadre d’analyse, qui emprunte fortement à la sociologie, que j’ai développé ma thèse sur la réglementation française du licenciement économique. J’expose également les différents prolongements auxquels elle a donné lieu. Je présente ensuite trois directions de recherche que j’ai suivies par la suite : évaluation des compétences et intermédiation sur le marché du travail, expertise et apprentissage, innovation et propriété intellectuelle. Si ces trois axes de recherche privilégient l’étude de formes de coordination plus « locales », ils posent la question de leur articulation avec des règles plus générales et donc de l’émergence ou non d’institutions « intermédiaires ». Je conclus en présentant mes thèmes futurs de recherche, qui s’inscrivent à la croisée de l’économie du travail et de l’économie de l’innovation et des connaissances.

La réflexion que je propose dans ce mémoire s’inscrit dans cette perspective. À partir de la présentation de mon itinéraire de recherche, je montre, dans une première partie, comment je me suis rattaché au programme de recherche de l’EC. C’est initialement dans ce cadre d’analyse, qui emprunte fortement à la sociologie, que j’ai développé ma thèse sur la réglementation française du licenciement économique. J’expose également les différents prolongements auxquels elle a donné lieu. Je présente ensuite trois directions de recherche que j’ai suivies par la suite : évaluation des compétences et intermédiation sur le marché du travail, expertise et apprentissage, innovation et propriété intellectuelle. Si ces trois axes de recherche privilégient l’étude de formes de coordination plus « locales », ils posent la question de leur articulation avec des règles plus générales et donc de l’émergence ou non d’institutions « intermédiaires ». Je conclus en présentant mes thèmes futurs de recherche, qui s’inscrivent à la croisée de l’économie du travail et de l’économie de l’innovation et des connaissances.

L’argument principal de mon parcours de recherche est le suivant. Si l’on ne peut pas réduire les faits institutionnels à des faits naturels, comme l’y poussent les tentatives de naturalisation des faits sociaux, je défends l’idée que tout fait institutionnel a besoin d’un fait brut pour s’établir, c’est-à-dire d’un fait qui soit d’une certaine façon indépendant de notre système de représentation, de la fonction signifiante que nous pouvons lui donner. Cette idée vient à l’appui de mes travaux sur les processus d’apprentissage et d’expertise, qui posent la question de l’ancrage des règles dans les expériences partagées par les acteurs. Ces travaux constituent un point de bifurcation important de mes recherches et mon apport le plus personnel à l’analyse des institutions. Ils complètent l’EC sur une dimension des faits institutionnels qu’elle a du mal à appréhender du fait de sa posture « constructiviste ».

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Opinions, attitudes et aspirations des familles vis-à-vis de la politique familiale en France

#9 - janvier 2003 - Marie-Thérèse Letablier, Sophie Pennec, Olivier Büttner

Ce rapport présente les résultats d’une série d’entretiens qualitatifs menés auprès d’un échantillon d’hommes et de femmes vivant dans différentes configurations familiales. L’étude constitue le volet français d’une recherche comparative européenne financée par la Commission européenne sur « les réponses politiques aux défis socio-économiques générés par les transformations des structures familiales » (convention Iprosec : Improving Policy Responses and Outcomes to Socio-Economic Challenges: Changing Family Structures, Policy and Practice). Elle fait suite à une enquête sur les représentations de la politique familiale par les élites politiques, économiques et associatives.

L’objectif de ce deuxième volet est de saisir, toujours dans une perspective comparative européenne, les opinions, aspirations et préférences des familles en matière d’aide aux familles par les pouvoirs publics, les entreprises et le tiers secteur. L’enquête a permis de tester la légitimité dont bénéficie chacune de ces institutions aux yeux des familles, ainsi que la connaissance qu’ont les individus de leurs droits et des mesures à leur disposition. Elle a permis aussi de cerner l’usage qui est fait des prestations, qu’elles soient d’origine publique, privée ou associative. Elle a permis enfin d’enregistrer les aspirations et les préférences en matière d’aide aux familles.

L’enquête qualitative conforte les résultats d’enquêtes statistiques sur le même thème, notamment celles du Crédoc. Elle confirme le fort attachement qu’ont les Français vis-à-vis de l’intervention publique, quelle que soit la forme du soutien : allocations, services publics ou services subventionnés, déductions fiscales, allégements de charges sociales, etc. La responsabilité de l’État n’est pas remise en question dans l’aide et la protection due aux familles, dans toute leur diversité. Si l’entreprise et le tiers secteur sont considérés comme jouant un rôle non négligeable dans l’apport de bien-être aux familles, ces deux institutions ne bénéficient pas pour autant du même potentiel de légitimité, ni du même consensus que celui qui soutient l’action publique. L’enquête atteste aussi du glissement qui s’opère dans les objectifs de la politique familiale, pointant notamment l’attention portée à la question de la conciliation entre l’activité professionnelle et la vie familiale, tant du point de vue des prestations mises à la disposition des parents pour l’accueil des jeunes enfants que du point de vue des politiques des entreprises en faveur d’une meilleure prise en compte des contraintes familiales des salariés. Concernant les objectifs qui peuvent être assignés à la politique familiale, un large consensus s’exprime sur l’objectif de redistribution verticale de lutte contre le creusement des inégalités sociales, montrant ainsi que « la fatigue de la compassion » qui touche d’autres pays occidentaux n’atteint pas la France.

Enfin, l’effet de la politique d’aide aux familles est apprécié, moins en termes de fécondité ou de forme familiale qu’en termes d’organisation quotidienne de la vie en famille, notamment en relation avec la garde des enfants, la prise en charge des adolescents ou encore avec les trajectoires professionnelles des mères.

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