Julie Landour

La retraite est-elle une question d'âge ?

24 mars 2022

Depuis vingt ans, les réformes de notre régime par répartition se succèdent et font de l'âge de départ à la retraite un marqueur indépassable. Quels sont les critères à prendre en compte pour mettre en place une réforme efficace ? L’âge doit-il rester le paramètre principal ?

Aujourd’hui des retraités ont défilé partout en France pour protester contre la baisse de leurs pensions et l’oubli dans lequel ils se trouvent : leur niveau de vie ne suit pas le rythme de l’inflation. Si la guerre en Ukraine et les menaces sur la sécurité de l’Europe occupent actuellement la Une, le débat sur une nouvelle réforme des retraites, la sixième d’ampleur depuis 1993, est lancé par les candidats à la présidentielle. Le paramètre le plus important de cette réforme à venir reste encore celui de l’âge de départ. 60, 62, 64, 65 ans ? Néanmoins, bien d’autres critères entrent en ligne de compte, comme le genre du ou de la future retraitée ou la pénibilité des carrières exercées. Comment les prendre en compte en même temps que l’âge ?

Pour ce débat, Emmanuel Laurentin reçoit Julie Landour, sociologue, maîtresse de conférences à l'Université Paris-Dauphine et chercheuse au sein de l'Institut de Recherches Interdisciplinaires en Sciences Sociales (Irisso), Victor Poirier, directeur des publications à l'Institut Montaigne et Frédéric Sève, secrétaire national en charge des retraites à la CFDT, membre du Conseil d'orientation des retraites (COR).

Julie Landour souligne l'intérêt de prendre en compte d'autres critères que l'âge pour penser le système de retraites, notamment la classe sociale et le genre des individus : "L’âge est politiquement facile à utiliser car il a l’air biologiquement neutre. On a le sentiment qu’à 65 ans, on serait toutes et tous un peu les mêmes. Alors que l’âge est travaillé par les caractéristiques sociales et sexuées des individus. On ne va pas maintenir sa qualité de vie et sa santé de la même manière. L’âge est aussi travaillé par les questions de genre. Quand on est une femme, on prend davantage soin de sa santé qu’un homme et par ailleurs on est pas confrontées au même type de pénibilités. Le travail n’abime pas les corps de la même manière. Et tout cela, il faut le croiser à la classe sociale. (...) Un enjeu central est la soutenabilité du travail. Qu’est-ce que l’on fait en France aujourd’hui pour accompagner les travailleurs et travailleuses jusqu’à la fin d’une vie professionnelle et le passage vers une retraite ?"

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