Annie Jolivet

Réforme des retraites : le casse-tête de l'emploi des seniors

7 octobre 2022

La question épineuse du taux d'emploi des seniors est au coeur du début de la concertation sur la réforme des retraites voulue par le gouvernement. En France, le taux d'emploi des 55-64 ans était de 56% en 2021.

Comment repousser l'âge de départ à la retraite sans faire augmenter le taux de chômage des seniors? En dépit des tensions de recrutement, le taux d'emploi des plus de 55 ans en France reste bien inférieur à la moyenne européenne et sera le premier sujet de la concertation retraites lancée par le gouvernement.

Où en est le taux d'emploi des seniors ?

Sous l'effet des réformes successives des retraites, le taux d'emploi des seniors de 55 à 64 ans est passé de 38% en 2008 à 56% en 2021. Selon la Direction des statistiques du ministère du Travail (Dares), en 2021, 75% des 55-59 ans étaient en emploi, 35,5% des 60-64 ans et 8,6% des 65-69 ans. Mais, selon un rapport de France Stratégie de 2018, si les règles (âge légal de départ et durée de cotisation) ont "un impact fort" sur l'emploi des seniors, il est "loin d'être mécanique".

Le relèvement de l'âge d'ouverture des droits de 60 à 62 ans en 2010 s'est traduit "par une progression de l'emploi pour la moitié seulement des personnes concernées", les autres se répartissant entre inactivité (dont une part substantielle d'invalidité ou maladie longue) et chômage. "Ce qui atténue l'efficacité globale de ce type de mesure", analysent les auteurs du rapport.

Avec un taux d'emploi des 55-64 ans de 56%, la France se situe en dessous de la moyenne européenne (60,5%) et est très en retard sur les 72% de l'Allemagne. Le différentiel est surtout fort pour les 60-64 ans, la tranche 55-59 ans étant dans la moyenne européenne. Pour ceux encore actifs, le taux de chômage des 55-64 ans est plus faible (6%) que le reste de la population (7,4%).

Mais cela représente près d'un million de demandeurs d'emplois (A, B et C), qui, surtout, restent plus longtemps au chômage que les plus jeunes: 805 jours en moyenne contre 370 jours tous âges confondus. Selon une récente étude de la chaire Transitions démographiques, transitions économiques (TDTE) animée par l'économiste Jean-Hervé Lorenzi, ce faible taux d'activité se traduit par "une perte d'opportunités de croissance, mais aussi par un déficit accru des régimes de retraite, un accroissement des coûts du chômage, de la santé et de la dépendance".

 

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