L'Express

Chômage : 3 questions sur la légère hausse enregistrée par l'Insee

15 novembre 2019

Le chômage a augmenté de 0,1% au troisième trimestre 2019, alors que la croissance est en hausse comme le nombre de créations d'emplois dans le privé... Décryptage.

Tous les indicateurs sont au vert, pourtant le chômage a légèrement augmenté au troisième trimestre 2019. Une hausse de 0,1%, pour s'établir à 8,6% de la population active en France entière selon les chiffres communiqués par l'Insee ce vendredi. Soit 10 000 chômeurs de plus entre juillet et septembre, pour un total de 2,528 millions dans l'Hexagone. 

Pourtant, la croissance a augmenté de 0,3% au troisième trimestre, avec selon l'Insee une progression attendue de 1,3% du PIB en 2019. Un résultat un peu au-dessus de la moyenne de la zone euro à 1,2%. De même, l'institut de la statistique a annoncé la semaine dernière une hausse de l'emploi salarié privé de 0,3% sur le troisième trimestre, soit la création nette de 54 300 postes. Sur l'année, ce taux grimpe à 1,4%... Alors, comment analyser cette hausse du chômage, alors que la conjoncture semble favorable ? L'Express fait le point. 

  • Quelles hypothèses pour expliquer la hausse ?

Tout d'abord, d'après les chiffres de l'Insee, le chômage n'est pas en hausse pour toutes les catégories de la population. Ainsi, il baisse de 0,2 point pour les jeunes (15-24 ans) et reste stable pour les 25-49 ans. En revanche, pour les plus de 50 ans il augmente de 0,1 point : au sein de cette tranche d'âge, il est stable pour les femmes mais augmente de 0,3 point pour les hommes. 

Mais au regard de la faiblesse de cette hausse, difficile d'être catégorique quant à ses raisons, d'après les économistes interrogés par L'Express. "Les créations d'emploi font certes baisser le chômage, mais la hausse de la population active le fait monter, puisqu'il y a davantage de personnes qui demandent à travailler. Il semble que cela explique le bilan un peu négatif de ce trimestre", estime Xavier Timbeau, le directeur principal de l'OFCE.  

Pour sa part, le maître de conférences en économie à l'Université Paris-13 Dany Lang fait une autre hypothèse. "Il peut s'agir de certains chômeurs découragés qui sont revenus sur le marché du travail à la suite de l'embellie sur le front du chômage", souligne-t-il, même s'il préfère rester prudent. 

  • Quelle est l'évolution du chômage à plus long terme ?

Si l'on regarde à plus long terme, la perspective est cependant plutôt positive. Le taux de chômage en France a en effet baissé de 0,5 point entre les troisièmes trimestres de 2018 et de 2019. "La dynamique de l'emploi est positive", juge ainsi Denis Ferrand, directeur général de l'institut Rexecode. "Cela fait plusieurs mois qu'on voit des créations nettes d'emplois, et les enquêtes montrent que le climat des affaires reste bon, même si cela semble ralentir un peu", ajoute-t-il.  

Un constat que confirme Philippe Martin, le président délégué du Conseil d'analyse économique. "La tendance globale depuis 2015 est à la baisse du chômage. Mais, de temps en temps, de petites augmentations ont pu se produire, ce n'est pas nécessairement rectiligne", note-t-il.  

En effet, le taux de chômage est passé en France de 10,4% au troisième trimestre de 2015 à 8,6% à la même date en 2019, d'après les chiffres de l'Insee. Une hausse de 0,3 point avait néanmoins été enregistrée au premier trimestre 2018, avant que la courbe ne revienne à la baisse.  

  • Qu'en est-il de l'emploi précaire ?

En ce qui concerne l'emploi précaire, "certains indicateurs ne sont pas très bons", souligne pour sa part Anne Eydoux, maîtresse de conférences à l'université de Rennes-2 et chercheuse au Centre d'études de l'emploi et du travail (CEET). "Le halo du chômage, qui représente des gens qui disent vouloir travailler mais n'ont pas fait de démarches actives de recherche d'emploi, dans le sens où l'Insee les définit, est en hausse", fait-elle valoir à cet égard. En effet, leur nombre a augmenté de 27 000 entre les deuxièmes et troisièmes trimestres 2019, concernant aujourd'hui 1,6 million de personnes.  

La part du sous-emploi, constitué des personnes qui souhaitent travailler davantage, comme les employés à temps partiel, est en hausse de 0,1 point sur le trimestre, à 5,4% des personnes en emploi. Néanmoins, sur l'année, elle recule de 0,3 point.  

Contributeur.trice.s du CEET : Anne Eydoux
Source : L'Express

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