Emmanuel Macron a-t-il raison d'affirmer qu'il est possible de "mieux gagner sa vie" en restant chez soi plutôt qu'en travaillant ?
23 juillet 2021
Une méconnaissance des droits
Mais les personnes sans emploi font-elles des calculs pour optimiser les allocations chômage par rapport à l'emploi ? Ce sont des situations minoritaires, selon Mathieu Grégoire et Claire Vivès, sociologue, chercheuse au Centre d'études de l'emploi et du travail. "Lorsqu'on interroge des salariés ayant occupé des contrats de moins d'un mois, on découvre que leurs stratégies concernent avant tout l'emploi (ménager leur réputation sur le marché du travail, favoriser une embauche future) et secondairement le niveau d’allocation", écrivent-ils dans Connaissance de l'emploi (PDF).
Hadrien Clouet le confirme. Ce spécialiste des questions de travail rapporte à franceinfo que lors de ses travaux, "des mois de recherches à Pôle emploi", il n'a jamais rencontré une personne cherchant à optimiser son assurance chômage. Selon le chercheur, "les cadres pourraient faire ces calculs car ils connaissent bien les règles". En revanche, "les populations précaires ne les font pas. Les calculs étant compliqués, elles ne vont pas s'y risquer car elles ne sont pas sûres d'elles", poursuit-il.
A rebours d'une optimisation, l'universitaire fait état d'une méconnaissance des droits. "Nous constatons que les salariés au Smic, les petits salaires, ne font pas valoir leurs droits, ne sont pas au courant de tous les mécanismes, comme la prime d'activité", relève-t-il. Le Centre d'études de l'emploi et du travail montrait, dans un rapport de 2016 (PDF), que les populations éligibles ne connaissaient pas ou mal le dispositif d'activité réduite permettant d'être indemnisé tout en travaillant. Hadrien Clouet ajoute qu'entre un quart et un tiers des personnes passent par le chômage, parfois sur de courtes périodes, sans avoir recours à leurs droits.
Contributeur.trice.s du CEET : Fabrice Gilles, Mathieu Grégoire, Sabina Issehnane, Florent Sari, Claire Vivès