Grève des urgences : les "revendications ne sont pas suffisamment prises au sérieux par la ministre"
11 juin 2019
Les personnels hospitaliers une fois de plus dans la rue mardi 11 juin. Quatre syndicats avaient appelé à cette "journée de mobilisation et de grève nationale", pour "élever le rapport de force" face à la ministre de la Santé. Agnès Buzyn a reçu une délégation dans l'après-midi. Les grévistes réclament de meilleures conditions de travail et notamment une revalorisation des salaires.
Des revendications qui ne sont pas suffisamment prises au sérieux par le gouvernement selon Fanny Vincent, sociologue et chercheuse au Centre d'études de l'emploi et du travail du Cnam.
franceinfo : Vous cosignez une tribune dans Libération intitulée "Il faut d'urgence écouter les soignants" où vous exhortez les pouvoirs publics à réagir. Selon vous, ce n'est pas pris au sérieux jusqu'à maintenant ?
Fanny Vincent : On pense qu'en effet ces revendications ne sont pas suffisamment prises au sérieux par la ministre [Agnès Buzyn]. Quand on voit son discours, elle s'adresse d'ailleurs principalement aux urgentistes. Elle dénigre la légitimité des arrêts maladie en raison des épuisements professionnels de la part d'un nombre croissant de soignants. Plusieurs équipes de plusieurs hôpitaux se sont mises en arrêt maladie parce qu'elles sont épuisées. En effet, les avances de la ministre ne sont pas à la hauteur de ce que revendiquent les soignants et de ce qu'ils demandent.
Dans ce que vous avez observé, est-ce que ce malaise est le résultat d'un épuisement qui est généralisé à l'hôpital ?
Absolument. Alors, il est vrai que les urgences sont la porte d'entrée de l'hôpital et sont souvent prises comme un révélateur ou un miroir grossissant des tensions. Mais derrière, il y a tout un tas de services hospitaliers qui sont également à flux tendus et qui sont, eux aussi, à bout de souffle. Et ça, ce n'est pas visible qu'aux urgences. Dans les chiffres, on voit que tous les indicateurs sont au rouge car il y a de plus en plus de choses à faire et de moins en moins de temps pour le faire. De moins en moins de temps, c'est-à-dire des pauses qui diminuent, des temps de transmission qui diminuent, des moyens qui diminuent et des soignants qui sont épuisés.